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LÉANDRE ÉTAIT EN EUROPE EN MAI 2016 POUR DONNER PLUSIEURS CONFÉRENCES SUR LA NON-SCOLARISATION.

Une initiative de Jean-Pierre Lepri (CREA) et Christine Malgouyres.

 Postface de l’édition française de : Comme des invitées de marque

      La militarisation des sociétés Couverture Commeoccidentales commence avec la loi sur la scolarisation obligatoire en Prusse en 1716. Cet état insignifiant jusque là, va devenir le fer de lance d’une organisation sociale qui va donner du fil à retordre à Napoléon, empereur d’un pays puissant qui connaîtra la pire des humiliations avec l’invasion prussienne de Paris en 1870. L’onde de choc amènera la 3e république à adopter la méthode prussienne d’éducation, l’école obligatoire pour tous et la formation d’un cadre militaire de l’éducation avec, au début du 20e siècle la mobilisation de la légion des “hussards en noir”. (1). Et tous les autres pays dits avancés font de même, Angleterre, États-Unis, Canada, Russie, Japon et autres. L’état prend en main l’instruction pour en faire un outil de contrôle idéologique de la société et dès 1914 on a déjà des bataillons de scolarisés soumis comme chair à canon. La “paix” de Versailles donnera le temps de former une nouvelle génération de petits soldats pour alimenter la deuxième guerre mondiale avec ses 45 millions de morts.
      Peut-on essayer de neutraliser cette machine de guerre?
      L’instruction libre est un effort en ce sens. Retirer nos enfants de l’appareil militarisant de l’état est un premier pas en ce sens. Se charger soi-même comme géniteurs, génitrices de l’épanouissement de nos enfants, les empêcher de subir l’abrutissement de l’école où la première règle est l’obéissance, caractéristique essentielle du troupeau de moutons de Panurge.
      Évidemment, comme tout le monde est scolarisé depuis des générations, concevoir la déscolarisation est très difficile. Et l’on dira de prime abord que le mot n’est pas  français dans le sens où nous l’employons ici, c’est-à-dire se défaire du conditionnement social de l’appareil d’état, cesser d’être des cobayes d’un système de destruction massive et devenir des individus dans le sens premier du terme, des êtres autonomes dans leur esprit, dans leur cœur, dans leur corps.
      Mes trois filles n’ont pas connu la crétinisation des bandes d’adolescents, le conformisme et la dictature de ces orphelins dépaysés que fabrique en série la cour d’école. De ce fait et grâce au respect de leur développement naturel qui primait dans leur milieu, elles ont pu s’épanouir comme fleurs au soleil et manifester une maturité où la sensibilité est plus importante que les accumulations de l’intellect. En même temps, cette maturité en imposait aux jeunes gens qui rôdaient autour et comprenaient très vite qu’elles n’étaient des Marie-couche-toi-là soumises au machisme ambiant. L’expérience la plus révélatrice fut la rencontre de Déirdre alors âgée de dix-set ans et d’une classe d’élèves de son âge organisée par un ami professeur. Je fis un bref exposé et cédai vite le micro à Déirdre qui leur décrivit sa vie de tous les jours. L’échange qui suivit amena les jeunes filles à exprimer leur surprise de découvrir la maturité que manifestait Déirdre. Quant aux garçons, ils ne purent que répéter qu’elle n’aurait jamais de métier, de profession, qu’elle ne serait qu’une marginale vouée à tous les échecs, elle qui gérait un magasin d’alimentation naturelle depuis l’âge de treize ans.
      Mes filles n’ont pas été entraînées à la soumission et à la peur qui vient avec cet encadrement militaire. Ne connaissant pas l’autorité et ne la reconnaissant chez personne, elles ne pouvaient pas se voir enfermées dans quelque métier ou profession que ce soit comme les centaines d’adultes qu’elles ont pu rencontrer lors de repas préparés pour notre table champêtre. Déirdre aurait bien aimer devenir comédienne, mais les auditions qu’elle dut subir lui donnèrent le haut-le-cœur. Phèdre et Cassandre ont toutes jeunes été prises par la passion des chevaux. Elles ont pu acheter leur premier cheval de course en fabriquant des bagels pour le commerce familial.
       Aujourd’hui Phèdre est en Alberta à travailler dans un ranch  avec son bel allemand. Cassandre et son compagnon ont transformé la bergerie en écurie pour quatre chevaux de course et participent à des compétitions équestres dignes du stampede de Calgary. En même temps, elle gère le magasin avec une expertise remarquable, a déjà une réputation régionale comme instructrice de cours d’équitation et, chaque matin, prépare des pâtisseries saines pour les clients de notre boutique.
       Déirdre a travaillé à Londres dans le milieu des spectacles pendant quelques années puis s’est retrouvée à Montréal dans de grands hôtels et restaurants, mais ses qualités l’ont vite fait monter dans l’administration qu’elle n’a pas pu endurer très longtemps. Travailleuse autonome maintenant, elle a refait la décoration intérieure de notre boutique, y conçoit les vitrines saisonnières et y affiche sur les murs des tableaux de fruits et légumes de sa création. Elle est en train de monter mon site web et voit à la distribution de ma dernière publication à travers tout le Québec. Et bien entendu, si on le lui proposait, elle serait toute heureuse d’aller faire la promotion du livre que vous tenez entre les mains dans le pays de ses ancêtres.
       En ce jour de Noël (2013), Déirdre (32 ans) arrive de Montréal avec son copain David et des boites de chocolat de sa fabrication pour parents et amis, tout sourire, toute contente de sa production qui ferait l’envi des professionnels du chocolat. Cassandre (27 ans) revient de Senneterre où elle a passé une journée dans la famille de son copain Jean-Philippe, toute contente de retrouver sa famille et beaucoup aussi ses chevaux bien au chaud dans l’écurie par une température de trente sous zéro. Phèdre nous téléphone d’Alberta pour nous dire comme elle aimerait bien être avec nous pour les fêtes et qu’en février elle et Markus vont venir passer une semaine avec nous..
       Le but de l’instruction est d’aider l’enfant non pas à imiter qui que ce soit mais à être lui-même. La liberté n’est pas d’être différent de ce que l’on est, ni de faire tout ce que l’on veut, ni de faire ce qu’une quelconque autorité (tradition, parents, professeurs) veut nous imposer, mais de se comprendre soi-même d’un instant à l’autre. Et cela est possible seulement quand l’on refuse d’être autre que ce que l’on est, qu’on se révolte contre la tradition qui veut que l’on se conforme, quand l’on refuse toute soumission.
       La question qui m’a le plus touché est celle de Phèdre qui, à quinze ans, me demande: “Papa, qu’est-ce que veut dire obéir?”